L'Envers de l'esprit, Valère Novarina, P.O.L., 2009.
"Une litanie est une rosace verbale où le langage ne récite plus mais s'ouvre et tournoie : personne ne peut saisir le tout, chacun est atteint par un trait singulier : jaillie de la rosace, cette phrase ne parle qu'à vous. Il y a dans les litanies une infinie versatilité logique, un lancer tournoyant et quelque chose de divinatoire : c'est faire rouler beaucoup de cailloux, jaillir beaucoup de mots, jeter beaucoup de dés. Personne n'est percé de la même flèche en même temps. A chaque représentation, j'observe cette balistique du langage, ces percées que font, çà et là, les mots dans la chair des spectateurs. Le patron des spectateurs, s'il y en avait un, ce devrait être saint Sébastien... Tout est action dans L'Origine rouge, dans La Scène, dans L'Acte inconnu : tout est en acte, tout est trait. Il y a une sorte de chasse. Les acteurs sont armés de langage."
p65-66
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