Dans ces bras-là, Camille Laurens, Folio Gallimard, 2005. [P.O.L., 2000]
"Il y a l'homme - les hommes. Elle cherche, pour les comprendre, à voir ce qui les différencie des femmes. Mais le secret échappe. Elle cherche ce qui fait d'eux des hommes, elle tourne autour de ce point : il font des choses qu'aucune femme ne fait, ou il le font différemment d'une femme. Mais elle se désole de ne pas parvenir à dépasser ce lieu commun : leur violence, la brutalité de leur façon d'être au monde, leur passion de dominer - sinon en le conjuguant à ce qui semble faussement son contraire : l'enfance en eux, fragile, attardée, immense, qui est peut-être le vrai noeud de leur sauvagerie - et quelquefois elle se réjouit de n'avoir pas de fils, parce qu'en parcourant l'espace qui sépare la rage de vaincre du désarroi enfantin pour y trouver ce point d'équilibre où se tiendrait l'homme idéal, cet acrobate, elle est bien obligée de l'admettre, malgré son amour : quand il lui arrive d'apercevoir non loin ce point flottant - harmonie funambule entre la force et la faiblesse - et d'y rencontrer quelqu'un, c'est toujours une femme."
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