dimanche 26 septembre 2010

L'Art Tangent - O.Darbelley & M.Jacquelin


L'Art Tangent, Odile Darbelley & Michel Jacquelin, sous la direction de Claire David, éd. Actes Sud, 2007.

"B.T. [Benjamin Tardillon] : Vous pensez qu'il faut déconnecter le plaisir de la collection du plaisir de posséder ?
E.R. [Emmanuel Rath] : Absolument, dans toute collection c'est la part de virtuel qu'il faut développer. Je réfléchis à une collection au carré : je collectionne un objet de chaque collection (un timbre, une poupée, une étiquette de vin, une montre, un Picasso, etc.). En somme, collectionner des idées de collection.
B.T. : C'est sans fin ?
E.R. : Oui, c'est sans fin, mais tant que c'est dans la tête, cela ne dérange pas trop... Quand j'étais adolescent, un de mes amis, Jean-Jacques Lebeau, avait entrepris de récolter au hasard de ses promenades, sur les réverbères, sur les murs ou les balustrades, les panneaux 'peinture fraîche'. Tout un pan de sa chambre en était recouvert. Il en avait une belle quantité ; ils pouvaient être offerts par des grandes marques ou manuscrits, écrits hâtivement, maculés de traces de couleur ou d'adhésifs. Il me racontait d'où venait telle ou telle nouvelle pièce et nous imaginions en silence les suites de son geste. Nous ne parlions pas vraiment de conséquences. Jean-Jacques Lebeau n'était jamais lourd. L'évocation d'un banc du square nous suffisait. En partant, je me souviens aussi que je me débrouillais toujours pour ne pas effleurer la peinture noire de la porte de sa chambre. Un panneau 'peinture fraîche', c'est comme un escalier roulant arrêté, cela crée toujours un trouble.
B.T. : Comment commence une collection ?
E.R. : Par un bout, par plaisir, dans l'idée, dans la projection dans le futur : commencer, c'est décider d'ordonner différemment sa perception du monde. Derrière toute collection, il y a une volonté et au moins une personne."

p.92-93

Pour positionner un peu :
"L’Art Tangent est tangible
On n’attend rien de l’Art Tangent et réciproquement.
L’art contemporain glisse en ligne droite depuis Marcel, l’Art Tangent ondule depuis Duchamp Duchamp comme la réglisse.
La perspective de l’Art Tangent est devant lui quand il se retourne.
L’Art Tangent n’est ni moderne, ni post-moderne, il est ailleurs.
L’Art tangent c’est la cerise sans le gâteau.
L’Art Tangent est à l’art contemporain ce que la pression est à la bière.
L’Art Tangent prend la voie du doute, de ce doute, que faute de mieux, nous appelons l’humour.
L’Art Tangent est uchronique mais il se soigne.
L’inutilité immédiate de l’art Tangent est exactement proportionnelle à la portée de sa trajectoire."
Le groupe Albert Pophtegme, extrait du Manifeste contre toute forme de reconnaissance de l’Art Tangent

dimanche 19 septembre 2010

L'Enchanteur - R.Barjavel


L'Enchanteur, René Barjavel, Folio Gallimard, 2005. [Denoël, 1984]

"Nous ne pouvons pas imaginer comment il était assis sur son pommier. Non pas sur une branche, mais sur le pommier lui-même en son entier. C'était un pommier de taille normale, et Merlin se présentait sous les proportions normales d'un être humain. Il était pourtant assis sur le pommier, et bien à la portée de la voix et des regards de ceux qui s'adressaient à lui, et qui n'avaient pas besoin, pour ce faire, de crier ni de lever la tête. Il nous faut donc faire comme eux, admettre le fait sans nous préoccuper du comment : il était assis sur son pommier... Eux ne se disaient pas que ce qu'ils voyaient était impossible : c'était possible puisqu'ils le voyaient... Et ils ne s'étonnaient pas non plus de voir Merlin mordre toujours dans la même pomme, craquante et juteuse, dont n'aurait dû rester depuis longtemps que la queue. On ne s'étonnait de rien devant l'Enchanteur : tout lui était naturel. Et on n'éprouvait ni fâcherie ni dépit si tout à coup il disparaissait : on savait qu'il était parti s'occuper de la Table Ronde, ou secourir quelqu'un qui n'avait pas eu la force de venir à lui et dont il avait entendu l'appel, même s'il n'avait pas été appelé. On s'asseyait sur la mousse en attendant son retour, et on cassait la croûte. Il y avait des pommes pour tout le monde."

p.177-178

dimanche 12 septembre 2010

"Ceci n'est pas de la masturbation mentale" - Terre Noire


Ceci n'est pas de la masturbation mentale, Collectif, coll. "No Present", éd. Terre Noire, 2008.

"Ce livre se constitue d’extraits de discours, critiques récupérées dans des magasines comme Art press, Beaux Arts magasine, ou au sein de brochures d’expositions, livres spécialisés, etc… Leur décontextualisation révèle ici toute l’obscenité de cette masturbation mentale.

Exemple :
La force de l'œuvre réside dans cette capacité : élargir jusqu'à la béance notre confrontation à ce que le réel recèle de plus ordinaire./Le point jaune surgit à l'horizon et s'approche des rives./ L'air de rien, les anges fécondent les vierges."


Le making of du livre

dimanche 5 septembre 2010

"La Petite Personne et la Mort (Chanson de Gestes)" - P.Rouillon


La Petite Personne et la Mort (Chanson de Gestes), Perrine Rouillon, Seuil, 2003.



"Quand je repense à chez nous (où il n'y a plus personne à présent), il me semble toujours que (...) jadis l'on savait - ou peut-être s'en doutait-on seulement - que l'on contenait sa mort comme le fruit son noyau." Rilke

Quatrième de couverture

Image issue du blog de Perrine Rouillon : la Petite Personne